Vous allez
découvrir ci-dessous le récit de ce qui a été l'apothéose de notre saison
2010-2011, après notre concert consacré, entre autres aux chants de La
Renaissance, avec les classes de Harpe et de Flûte à Bec du Conservatoire d'
ANTONY.
L’épinette
des Vosges
Après
avoir puisé jusqu'ici dans les répertoires des temps anciens, voilà que cette
année, Sine Limine a changé de braquet, à l'instar du cycliste au pied du
Galibier. C'est ainsi, que son millésime 2011 restera gravé dans les annales à
plus d’un titre.
D’abord,
par le choix de l’œuvre principale, de facture contemporaine mais pourtant
reconnue majeure malgré sa jeunesse. Bien qu'il s'agisse d'une messe, comme il
arrive souvent, "Missa Gallica" se démarque cette fois des sentiers ordinaires,
car truffée de joyeusetés comme il plaît à Dieu et, malgré sa modernité, de
construction tonale comme il plaît à Ses chantres. Elle tire ses thèmes
mélodiques, non d'une liturgie sentencieuse et théâtrale, mais du folklore
celto-gaulois, moins empesé, et, jusqu'au bout du latin, balade l'auditoire du
recueillement méditatif à l'exaltation jubilatoire.
Mais,
ce n'est pas tout. L'arsenal orchestral classique, la brochette de solistes et
le double chœur sont accompagnés d'instruments hautement typiques, sortis des
fonds de nos terroirs. Hormis la vielle que beaucoup connaissent, qui a entendu
parler ou entendu tout court, le son du psaltérion à archet, de la cabrette, du
galoubet ou de l'épinette des Vosges ? Lors de nos concerts, il faut l'avouer,
certaines queues de pie en ont frémies. Surtout au son de la bombarde, jamais
invitée par le classique pur sucre où les désirs d'ouverture rappellent un peu
ceux de l'huître.
De
ce fait, un grand Merci au compositeur pour ses ingérences audacieuses en
territoire sensible, pour avoir si élégamment bousculé des codifications
chatouilleuses et épousseté des usages un peu trop poudrés, afin de permettre
aux musiciens lassés par le conformisme, de se dérider aux sons nouveaux de
cette œuvre gaillarde.
Cela
dit, programmer un concert de cette fabrique est loin d'être une sinécure, même
pour un maître chanteur éprouvé. En cela, Stéphane n'a ménagé ni l'effort
constant, ni l'enthousiasme naturel qu'il sait communiquer à ses choristes par
simple contagion.
Cependant,
malgré le stress qui gagne à l'approche des confrontations au public, nourri de
surcroît par un jugé de préparation insuffisant, le moral des troupes est dur
comme fer, tout comme la confiance de Stéphane en son équipe est coulée en
bronze. D'autant que cette année, pas de répétitions menées tambour battant, et
à peine une ou deux révisions plénières pour assurer le coup.
C'est
là précisément que Rémi intervient, lors de la générale pour la touche finale.
Juste avant le concert il accorde ses troupes : chœurs, solistes et musiciens.
D'une oreille experte et d'un geste précis, il donne la juste note, harmonise
les voix, le timbre des instruments et fait chauffer le groupe
jusqu'à la perfection.
Deux
concerts au programme : Antony et Limay. Et chaque fois, compositeur présent et
salles bien remplies. Rémi est aux commandes, sans la tenue ostentatoire, ni
la baguette réglementaire, et rappelle le trapéziste opérant sans
filet. Ses directions tout-en-rondeurs et tenant l'auditoire en haleine, sont
dignes d'anthologie par leur justesse métronomique. Sa conduite, au cœur du
chœur et de tout cœur avec lui, anime chanteurs et musiciens qu'il mène avec
brio et gratifie parfois d'un sourire en retour. Sous les feux de la rampe, tout
l'ensemble s'applique, attentif aux tournures et suspendu au geste, un œil sur
le livret et l'autre sur le chef.
Aux
offices de solistes dont la prestation a ravi le public, il faut noter celle de
Stéphane dont l'autre casquette a permis de dévoiler ses prodigieuses qualités
de ténor. Et c'est peu de le dire !... Il faut avoir entendu cette voix, à la
fois claire et puissante, chaleureuse et sonore, pathétique et carillonnante,
dont on la sent capable, selon la demande, d'adoucir les Dieux ou de faire
vibrer les cloches du Vatican.
Ces
prestations exemplaires ont été bissées une fois à Antony et deux fois à Limay.
C'est pour dire ! Rien à voir avec le cinéma où le public quitte la salle à la
fin du film. Là, par des ovations bien nourries, les gens refusaient de partir
et réclamaient du rab. Ce qui leur fut donné, dans l'allégresse et le bonheur de
tous.
Cependant,
qu’en est-il au final de ces instruments insolites et peu orthodoxes consignés
dans nos partitions ? En particulier de l'épinette des Vosges, dont on a
tellement parlé, qu'un chanteur important a menacé de désistement si d'aventure
elle manquait à l'appel. Pourtant, comme on l'a vu, elle s'est montrée dans nos
concerts comme l'Arlésienne de nos rêves, omniprésente dans l'esprit de tous,
mais brillant par son absence. Fort heureusement, et conforté par l'entourage
chaleureux de ses pairs, notre choriste s'en est d'abord bien passé,… mais
surtout bien remis.
Voilà
donc une année musicale qui, bien qu'en avance sur l'année calendaire, se
termine sous les meilleurs augures pour celle qui s'annonce. Il se trouve
justement qu'en ce milieu de juin 2011, elle est déjà en préparation et, le peu
qu'on en a vu et entendu, est à nouveau en quête d'un autre festival.
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